
Aviron Bayonnais 40
Stade Toulousain 26
Date : Dimanche 5 octobre 2025 – 21h05
Lieu : Bayonne (Stade Jean Dauger)
Public : 14 738
Mi-temps : 16-16
Arbitres : Jérémy Rozier assisté de Cyrille Boulay et Jonathan Dufort à la touche, et de Julien Castaignede à la vidéo
Aviron Bayonnais : 5 essais de Iturria (15e), Germain (52e), Capilla (71e), Tiberghien (74e), et Spring (80e), 3 transformations (15e, 71e, 74e), 3 pénalités (10e, 22e, 31e) de Segonds
Carton jaune : Tuilagi (75e)
L’équipe : Orabé (Tiberghien, 55e) – Spring (Orabé, 57e), Martocq, Tuilagi, Erbinartegaray – (o) Segonds, (m) Germain (Machenaud, 68e) – Capilla, Leota (Héguy, 62e), Habel Kuffner –Johnson (Moon, 50e), Iturria (cap) (Johnson, 66e) – Setiano (Cotet, 55e), Bosch (Martin, 55e), Bordelai (Castillon, 55e, Bordelai, 61e)
Stade Toulousain : 3 essais de Lebel (12e), T. Ntamack (28e), Colombe (63e), 1 transformation (63e) de Ramos, 3 pénalités (35e, 39e, 44e) de R. Ntamack
L’équipe : Kinghorn –– Delibes, Costes, Ahki, Lebel – (o) R. Ntamack (Ramos, 52e), (m) Graou ––– Roumat (Banos, 56e), T. Ntamack (Roumat, 70e), Willis (cap) (Jelonch, 64e) – Vergé (Flament, 50e), Jelonch (Elias, 52e) – Aldegheri (Colombe, 50e), Lacombre (Cramont 50e), Bertrand (Neti, 50e)
On aurait pu titrer : « Entre crainte et excitation », tant, dimanche soir, le public Bayonnais passait d’un sentiment à l’autre. Deux sensations, une seule cause. Crainte d’affronter le triple champion de France enfin au complet à Jean Dauger depuis un match fantôme sans public lors de la pandémie, excitation d’affronter le triple etc., etc.
L’incrédulité était aussi de mise, entre Nive et Adour. Que cette rencontre soit qualifiée de « duel au sommet » de la cinquième journée. L’Aviron ? Duel au sommet ? On en est arrivé là ? Vraiment ? L’époque des « pieds mouillés », et des luttes pour le maintien, pas toutes remportées, serait-elle révolue ? Médiatiquement, en tous cas, le match de ce dimanche soir opposait le demi-finaliste au champion. Et comptablement, aussi, puisque le vainqueur sera propulsé seul premier du Top 14. Dont acte.
Romain Ntamack
Le stade était plein comme un œuf, les 1 300 nouveaux sièges construits dans l’été s’étant arrachés en quelques minutes. Pensez-vous, Toulouse ! Le Stade Toulousain, qui ne s’est plus imposé à Jean Dauger depuis le 5 décembre 2020. D’après le staff Haut-Garonnais, parce que les rencontres en côte Basque ont toutes été des doublons, obligeant les Rouge et Noir à présenter au mieux une équipe 1 bis. Et là, avec l’effectif au complet, vous allez voir ce que vous allez voir !
Et nous avons vu. Nous avons vu des Bayonnais appliqués, mettant à plusieurs reprises et souvent avec efficacité, des gestes et mouvements maintes fois mis en place et répétés à l’entrainement. Des Bayonnais parfois dominés en conquête, accusant, surtout en début de seconde période, quelques coups de moins bien, mais ne lâchant jamais rien, en plongeant dans le doute des Toulousains de moins en moins sereins.
Et, encore une fois, comme face à Toulon, ces tournants du match favorables à l’Aviron.
Deux, ce dimanche soir.
Paul Graou sous la surveillance de baptiste Germain
D’abord, à la 67e minute. Pénalité tentée par Ramos, à 25 mètres, décalée, alors que le Stade mène 26-21. Si Bayonne, avec un essai transformé, peut à ce moment reprendre l’avantage, la réussite de l’international obligera les Ciel et Blanc à courir après le score, et à marquer deux fois pour repasser devant. 25 mètres, Ramos, une formalité… Ben non ! La balle heurte le poteau gauche, Héguy, fraichement entré, récupère, et l’Aviron se dégage. Ouf ! Un coup de chance pour les Bayonnais ? Un buteur de talent qui rate la cible, ce n’est pas de la chance pour l’adversaire. Ramos est sur le terrain depuis 15 minutes, et a été accueilli, à son entrée, par une bronca du public Bayonnais, qui ne lui a pas pardonné son comportement « chambreur » lors de la demi-finale. Plutôt déstabilisant, ceci pouvant expliquer cela…
Puis à la 69e minute. Une action Bayonnaise travaillée, léchée, et… réussie, elle. Touche gagnée, ballon porté qui avance d’une dizaine de mètres, plusieurs temps de jeu où l’Aviron défie la ligne d’avantage, et les deux derniers mettant en lumière le dézonage des deux ailiers, Spring et Erbinartegaray. Le ballon parvient à Segonds, Tuilagi est placé en leurre en 2ème rideau, le numéro 10 Bayonnais effectue une longue sautée vers Erbinartegaray lancé, qui déborde Ramos et Banos puis transmet à Capilla en coin, qui remet les siens à égalité en allant aplatir au plus proche des poteaux pour assurer les deux points de la transformation (28-26). Du tableau noir et de la spontanéité ! L’Aviron récite son rugby, comme peu d’équipes peuvent actuellement le faire.
Baptiste Germain et Tom Spring
On peut parler aussi le la 74e minute. Énième ruck au profit des Bayonnais. Machenaud se saisit du ballon. À sa gauche, Bordelai prêt à l’attraper, entouré d’Habel-Kuffner et Héguy. En face, la défense se prépare à une charge à trois. Bordelai effectue en fait une passe instantanée, quasiment à l’aveugle, vers Segonds, lancé derrière lui. Ce dernier offre la balle à Tiberghien qui s’empresse de la porter derrière la ligne, pour un essai pas vraiment fait au départ. Du Tiberghien. Juste avant, Bordelai, Habel Kuffner et Héguy ont mobilisé 4 défenseurs qui manqueront face à l’arrière Bayonnais… encore du tableau noir ! L’Aviron s’envole au planchot (35-26)
L’action de la 69e minute trouve sa variante à la 80e minute, où Tom Spring s’enfonce pour marquer dans la même ouverture de défense utilisée par Erbinartegaray 10 minutes plus tôt. Les Toulousains sont pris à leur propre jeu !
L’Aviron sera-t-elle capable, à l’avenir, de reproduire une telle prestation ? Pourquoi pas ? Il ne faut pas se faire trop d’illusion au Hameau samedi. Les cadres, après un tel match, seront sans doute mis au repos.
En tous cas, ce n’est pas le Stade Toulousain, le champion, ce samedi soir à Bayonne.
JJA